Des devoirs sans stress

Le moment des devoirs à la maison est souvent vécu comme une épreuve par les enfants… et les parents. Tensions, frustrations, résistances : ce temps censé consolider les apprentissages peut rapidement devenir un champ de bataille émotionnel. Pourtant, avec quelques ajustements simples, il est possible d’en faire un rituel sécurisant, propice à la concentration et à la coopération.

En tant que psychologue pour enfants, j’observe chaque jour à quel point la façon dont nous accompagnons nos enfants dans ces moments peut transformer leur expérience — et la nôtre.

Créer un rituel clair et rassurant

Les enfants ont besoin de repères. Les devoirs gagnent à s’inscrire dans une routine stable : un horaire régulier, un espace calme, un déroulement prévisible. Ces éléments rassurent et permettent au cerveau de se mettre en condition d’apprentissage plus facilement.

Un rituel simple peut par exemple commencer par une collation, puis une courte pause, avant de passer au travail scolaire. Lorsque l’enfant sait à quoi s’attendre, il est moins dans la résistance et davantage disponible.

💡Astuce de psy : afficher une petite frise avec les étapes du rituel peut aider les plus jeunes à s’y repérer visuellement et à se sentir acteurs de la routine.

La petite fille écrit seule allongée.

Accueillir les émotions avant les devoirs

Avant de se concentrer, un enfant a besoin de réguler son monde intérieur. Après une journée d’école, il est souvent fatigué, parfois frustré ou inquiet. Ces émotions, si elles ne sont pas reconnues, s’expriment par de l’opposition, des pleurs ou une agitation qui
empêche toute concentration.

Prendre quelques minutes pour accueillir ces émotions — en les nommant ou simplement en laissant l’enfant souffler — est une étape essentielle. Cette régulation émotionnelle crée un espace psychique disponible pour l’apprentissage.

Dans certains cas, des émotions plus profondes peuvent être en jeu : anxiété de performance, peur de l’échec, estime de soi fragile. Un accompagnement par un psychologue pour enfants peut alors aider l’enfant à mieux comprendre et traverser ces ressentis.

Les devoirs réveillent aussi le vécu émotionnel des parents

Accompagner son enfant dans les devoirs ne mobilise pas seulement sa patience… cela réveille souvent des souvenirs scolaires personnels. Un parent qui a lui-même vécu de la pression, de la peur de l’échec ou une scolarité difficile peut, sans le vouloir, revivre ces émotions au contact des difficultés de son enfant.

Ce phénomène est fréquent et explique pourquoi certaines soirées deviennent si tendues : deux histoires émotionnelles se rencontrent, celle de l’enfant et celle du parent.
En prendre conscience permet de distinguer ce qui appartient à chacun et d’adopter une posture plus apaisée et soutenante.

🌿Petit mot de psy : reconnaître son propre ressenti n’est pas un signe de faiblesse — c’est une preuve de lucidité et de bienveillance envers soi-même.

La jeune fille est heureuse de réussir ses devoirs seule sur ordinateur.

Des pauses régulières pour éviter la surcharge

Le cerveau de l’enfant n’a pas la même capacité de concentration que celui de l’adulte. Les longues séances de devoirs sont contre-productives : la fatigue génère de la tension, et la tension génère des conflits.

👉 Alterner temps de travail courts et pauses actives (respirer, bouger, rire, boire de l’eau)
favorise la mémorisation et la disponibilité cognitive.
👉 Il vaut mieux 10 minutes efficaces qu’une heure de bataille.

Encourager plutôt que contrôler

Les enfants progressent mieux dans un climat de sécurité émotionnelle que sous la pression. Valoriser les efforts, reconnaître les petites réussites et éviter les comparaisons soutiennent la confiance en soi.

Le rôle du parent n’est pas de “jouer au professeur”, mais d’être un repère bienveillant. Le message implicite doit être : “Je crois en toi, je t’accompagne, mais c’est toi qui apprends.”

🌿Petit mot de psy : un enfant qui se sent compétent devient naturellement plus autonome et motivé.

Quand les devoirs réveillent d’anciennes blessures

Parfois, les difficultés rencontrées à la maison sont le reflet d’émotions plus profondes : stress scolaire, vécu d’échec, peur de ne pas être à la hauteur. Ces émotions peuvent être ancrées dans des expériences passées.

L’approche Eye Movement Desensitization and Reprocessing (EMDR), adaptée aux enfants, peut aider à désensibiliser ces souvenirs douloureux et à restaurer la confiance.
Dans le cadre d’un accompagnement avec un psychologue enfant, l’enfant apprend à identifier ses émotions, à les réguler et à les dépasser.

Parentalité : un espace partagé, pas un rapport de force

Les devoirs ne sont pas qu’une affaire d’apprentissage scolaire. Ils représentent aussi un moment de lien entre le parent et l’enfant. Lorsque la relation est sécurisante, les apprentissages deviennent plus fluides.
Il n’est pas nécessaire que tout soit parfait : ce qui compte, c’est la qualité de la présence, la constance et la bienveillance.

En conclusion

Transformer le moment des devoirs en rituel serein est à la portée de tous les parents. Cela demande de l’écoute, de la patience, et surtout une attitude bienveillante envers soi-même et envers son enfant.

Si les difficultés persistent, un accompagnement par un psychologue pour enfants peut permettre de lever des blocages émotionnels plus profonds et d’installer une relation apaisée autour des apprentissages.

Lucille Mauny – Psychologue clinicienne
Spécialisée en psychologie de l’enfant, parentalité & approche EMDR enfant